Interview Sportive : Alexandra Erhart

« Somewhere behind the athlete you’ve become, and the hours of practice and the coaches who have pushed you, is a little girl who fell in love with the game and never looked back… play for her. »

Citation fétiche d’Alexandra par Mia Hamm, une footballeuse professionnelle.

Je parle beaucoup de multiculturalité et de chocs-culturels. Mais, au final, qui de mieux placé pour parler de vos expériences que vous-même ? 

Aujourd’hui, c’est Alexandra volleyeuse professionnelle avec une expérience internationale, qui nous partage son vécu au sein d’un environnement multiculturel et comment cela à impacté (ou pas !) son travail. Bonne lecture !


Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

Je suis Alexandra Erhart, j’ai 28 ans, je suis franco-marocaine et joueuse professionnelle de volley-ball. Actuellement, je joue à l’AS Monaco et j’ai évolué dans différents clubs en France et à l’étranger depuis 2012. J’ai aussi joué à l’international avec l’équipe nationale du Maroc depuis 2015. 

As-tu déjà vécu ce qu’on appelle un « choc-culturel » ?

Alors j’ai déjà vécu un « choc-culturel » oui, parce que j’ai été amenée à voyager pour mon travail. J’ai vécu 5 ans en Amérique du Nord et ensuite j’ai voyagé dans différents pays pour des compétitions. Dans les équipes professionnelles aussi, que ça soit en France ou à l’étranger, les équipes sont formées de personnes qui viennent de pays différents et parfois on ne se comprend pas trop. Et, pour moi, c’est super important de se comprendre pour bien travailler en équipe et atteindre le but commun. 

Un des premiers exemples qui me vient à l’esprit, c’est quand j’ai évolué en France. Dans une équipe professionnelle dans le sud de la France. On avait une fille qui venait d’un pays de l’Est, et, dans sa manière de communiquer c’était assez différent de nous parce qu’en fait elle avait peu d’expressions sur son visage. Et nous ça nous perturbait un petit peu. Car je pense qu’en France on met un peu plus la forme, et communique beaucoup sur nos émotions, sur ce qu’on ressent, alors que dans les pays de l’Est ils sont un peu plus directifs. Donc, on a eu un peu de mal à se comprendre, alors que c’est super important dans une équipe de pouvoir se dire les choses, pouvoir comprendre les choses pour être plus performants dans son travail et sur les terrains.  

Comment avez-vous géré ce décalage ? 

Au début, on ne l’a pas trop géré parce qu’on ne communiquait pas entre nous. Et en fait, j’ai compris que c’était surtout un problème de différences culturelles. Alors, j’ai décidé de faire part de mon expérience d’expatriée à toute l’équipe. Dire un peu comment j’avais été accueillie dans tel ou tel pays. Et, tout le monde s’est rendu compte que c’était qu’on avait pas la même culture et qu’on avait peut-être pas accueilli les étrangères de l’équipe chaleureusement. Du coup, elles ne se sentaient pas forcément en confiance, elles avaient du mal à communiquer, elles ne comprenaient pas trop la culture française.  Donc, on a commencé à communiquer, on a commencé à discuter pour comprendre nos différences culturelles, et ça allait beaucoup mieux.

Alors après, on a quand même parfois des petits problèmes parce qu’en fait on communique en anglais, et l’anglais c’est la langue natale de personne. Donc des fois, quand on veut dire quelque chose, on n’utilise pas forcément le vocabulaire adéquat et il y a une toute petite différence sur le mot qu’on utilise. C’est assez compliqué du coup de faire part de ses émotions, de ses ressentis. La barrière de la langue c’était compliqué, mais en travaillant tous ensemble et en essayant de faire un travail sur soi-même, on a réussi à dépasser ça, à communiquer mieux. Ensuite on jouait beaucoup mieux toutes ensemble.

Pour toi, est-il important de mettre en place un accompagnement multiculturel dans le milieu du sport professionnel ?

Oui, pour moi c’est super important. Parce que, encore une fois, on fait un travail d’équipe et on a besoin de chaque personne pour pouvoir performer et atteindre l’objectif commun. Aujourd’hui, il y a déjà des choses qui sont mises en place un petit peu sur ça mais… En fait  on a souvent des psychologues, des sophrologues du sport qui travaillent au sein des équipes. Alors, c’est très bien parce qu’on peut se confier, parler de comment on se sent dans l’équipe. Mais c’est toujours individuel, c’est toujours dans leur cabinet, c’est très rarement un travail commun avec toute l’équipe. Et, d’avoir quelqu’un qui interviendrait, un coach, je pense qu’on pourrait faire un travail tous ensemble dans la même pièce, se poser discuter. Et, oui, je pense que c’est très bénéfique à la performance d’une équipe. 


Encore merci Alexandra d’avoir pris le temps de partager la richesse de tes expériences à l’international. Pour ceux que ça intéresse l’interview est disponible en vidéo sur Instagram et LinkedIn !

Si ce genre de format vous plait et que vous souhaitez également partager votre expérience multiculturelle, n’hésitez pas à mon contacter via le formulaire prévu à cet effet.